vendredi 1 décembre 2017

24 heures chrono Images d'une gare où on debarque avec deux jours de retard.



Version ONE – 2 and 3 condensation
La gare de BOBO
En cercle, en cercle, il disait le papa. Il avait toujours une petite histoire dans chaque circonstance. Mère disait : «  pour faire passer la pilule ».A bride abattue les chevaux fonçaient sur nous. Danger, pas besoin de dessin : le papa en chef de guerre dit : « encerclons-les ». Leurs nombres, le notre. J’ai laissé s’évader quelques gouttes de liquide jaune dans ma petite culotte. « Tant que l’on est pas mort, accrochons-nous .Encerclons les. Donnez l’impression que l’on sait… »
Les porteurs de la gare avançaient vers nous qui n’avions pris encore aucune décision. Un train qui débarque avec deux jours de retard à la gare. Tortiller dans la jungle çà a quand même des sacrées conséquences. Papa happé par 5 bonhommes sapés comme des milords mais à la froideur de leur expression, ce n’était pas le guilledou qu’ils allaient chasser. Encore une de ses missions  où il part et nous ne savons jamais quand il revient.
Les porteurs s’impatientaient avec les bras fatigués du poids  des caisses. La colère de la mère pas encore reposée : toujours  en volute de sable dans la tempête de l’Harmattan. La sœur en catalepsie  tant l’odeur des porteurs était tenace, de tonalités si multiples que son pauvre nez phobique  battait de l’aile comme un canard perdu qui ne retrouve pas sa mare.
La nuit guillotine d’Afrique régnait à bord du ciel depuis l’arrêt du train en cette gare dont le nom nous avait tant fait rêver : Bobo Dioulasso.
La petite que j’étais, la plus petite j’avais les pieds bien ancrés dans la terre battue rouge du quai. Mettez les caisses en cercle : s’il vous plait.
-La petite dame, tu peux nous tutoyez c’est ce qu’on fait ici.
-Je calcule la grandeur de la circonférence du cercle.
-Pourquoi çà la petite dame ?
- Dans le cercle nous installerons notre campement pour la nuit.
-C’est çà, c’est çà. Demain tu chercheras un hôtel. N’oublies pas c’est nous maintenant tes porteurs, et cette nuit nous aurons un tour de garde pour vous protéger. Une de nos femmes viendra vous portez de l’eau, des beignets de poissons, quelques fruits.
Pourquoi je les ai applaudis ?
Je me suis imposée comme gardienne de la sœur et de la mère. Pour une fois elles n’ont pas moufeté, ….
En mon être, monte une joie. Je ne la connais cette joie. Elle est bonne… Je ferme très fort les yeux, et les poings pour ne pas l’oublier. Le noir partout, le noir partout. Je suis comblée, je n’y comprends rien. Je prends toutes ces émotions. Je fais le plein, mon corps rond comme le fruit grenade s’emplie dans chaque alvéole de la joie.  En plus c'est léger. Je commence bientôt mon quart. Elles sont en boule l’une dans l’autre recouvertes d’un drap de coton très fin. Elles tremblent encore.

Sous la direction artistique d’ Anna Moï

Frankie Map's Monde


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5 commentaires:

  1. je retrouve ta force et ta verve Frankie dans cette gare et toujours tes émotions extraordinaires
    bon samedi sans neige

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  2. Il n'y a pas que le nom de la gare qui fasse rêver! Tous tes mots sont pleins de poésie et font travailler notre imagination.
    Je t'envoie un peu de chaleur de ma Grèce car tu es peut-être sous la neige.
    Bon samedi à toi Frankie!

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  3. Bonjour Frankie
    Je te souhaite un doux week-end
    Bisous
    Frieda

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  4. voila une gare complètement dans l'univers de Frankie avec toute son imagination, son humour, son émotion et son grain de folie...
    bisous
    patricia

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  5. Bonsoir Frankie. Une gare très originale où il faut monter la garde. Bonne soirée et bisous

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