vendredi 18 janvier 2013

Andrée chedid, pommes de terres et ail àdans le diable et morue grillée




 Regarder l'enfance

"Jusqu'aux bords de ta vie
Tu porteras ton enfance
Ses fables et ses larmes
Ses grelots et ses peurs

Tout au long de tes jours
Te précède ton enfance
Entravant ta marche
Ou te frayant chemin

Singulier et magique
L'œil de ton enfance
Qui détient à sa source
L'univers des regards"

Andrée Chedid, Epreuves du Vivant, cité dans Anthologie de la Poésie française du XXe siècle, Poésie/Gallimard 2000, p. 165.


 Andrée Chedid éponge qui pense


L'ÉCUME
 

Sur la  plage candide 

L'écume lâcha sels et débris 


Elle zébra de rainures
 

Le sable immaculé 

Entama la soie de sa trame 

Entailla le grain de son tissu 


Sur les plages ingénues

Les vagues scellèrent leurs dissonances

Rythmant le sol

d'algues de nacre et de scories.




 

Andrée Chedid (1920-2011), in Au vif des vivants, Ed. Le verbe et l’empreinte, à Saint-Laurent du Pont, 1991.

 


 Nous nous acheminons


Tantôt profanes tantôt magiques
Perclus d’ombres et d’élans
Equipés pour l’ascension
Comme pour la chute
Nous cheminons
 
Nous nous acheminons.



 a chaque souffle


A chaque souffle qui se perd
Dans les marais de l’âme
A chaque force qui s’étiole
Dans le vaisseau du corps
   
Je sonde l’ingénieuse vie
Gardienne de nos arcanes
Sa réponse inaudible
Multiplie nos fictions.


                  
    Epreuve du  visage 


Qui

Se tient

Derrière le pelage du monde ?

   

Quel visage au front nu

Se détourne des rôles

    

Ses yeux inversant les images

Sa bouche éconduisant les rumeurs ?

   

Quel visage

Veillant par-delà sa vue

Nous restitue

Visage ?

      

Quel visage

Surgi du fond des nôtres

Ancré dans l’argile

S’offre à l’horizon ?


énigme

La vie
Secrète
L'insondable énigme
         
Le temps
Réduit
Cette aventure du souffle
A l'aune d'un sablier
         
En nos corps dissemblables
En nos visages divers
Quelle symphonie traduisons-nous
Quel récit, Quel livre ouvert
De notre chair si concrète
D'où tirons-nous lumière ?
      
Chaqun côtoie
Le fleuve des présences
Personne n'escorte
La mer.



terre vive

Où la mer lentement progresse,
là-bas, reposent les îles.
       
Sur l'eau accablé de ténèbres,
l'homme recueillait les promesses
d'un soleil bientôt absent.
De ce temps-là, le vent des démesures se laissait boire,
les colonnes du silence veillaient.

Au loin, la mer délaisse son noueux combat ;
Embrasse l'île envoilée. Se confie, éprise.

Là-bas,
la terre ne parle pas pour rien.



Andrée Chedid, née le 20 mars 1920 au Caire (Égypte) et morte le 6 février 2011 à Paris2, est une femme de lettres et poète française d’origine libanaise. Elle est la mère de Louis Chedid et la grand-mère de Matthieu Chedid



 pour ce vendredi je souhaitais vous offrir quelques poésies de cette grande Dame de la poésie contemporaine qui participe à mon élévation d'esprit .
 Que vous puissiez jouir de son nectar . 
Des orchidées sauvages que j'ai choisi pour l'honorer


Votre amie mappemonde bon vendredi la morue dessale dans son pot de grés. 
Quelques patates cuites dans le bon diable charentais avec des grosses gousses d'ail, du persil, de l'huile d'olive et le palais  palet sera régalé

je vous embrasse très chaleureusement and tomorrow les instantanées pour Armarita

 

4 commentaires:

  1. Merci pour ces instants de sérénité! et à demain!

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  2. Comme toi J' aime la poésie de cette grande dame qui , par delà les mots ressuscite en nous tant d' émotions...

    " Manier l' outil des mots
    Tendre le filet des lignes
    Encocher les paroles
    Ajuster l' image

    Élargir le sens
    Fouiller la taille
    Affranchir ou retenir
    Perdre de vue ou cibler

    Enfin accoster l' autre ,
    Relier

    Andrée Chédid - États - Par delà les mots-

    Comme toi, accoster ...relier... c' est ce que j' aime...:-))
    Ton lys crapaud a ma préférence..

    Bisous Frankie

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  3. J'aime beaucoup aussi cette écrivain, elle a écrit de tres belles choses. Bonne fin de semaine.

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  4. J'aime beaucoup Andrée Chedid.
    Mais j'aime aussi beaucoup ton pavé de morue pour le palais palet, c'est pas laid et certainement très bon.
    Je t'embrasse Frankie.

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