mardi 9 février 2010

AU PAYS DE J. F. BLADET ET L'IMAGINAIRE DE LA CONTEUSE


M a j e s t u e u s e et A b o n d a n c e
&
Elle roupille, repue de ses années de rangements .
On y met, on y laisse, on y oublie !
Conchita l’ époussette quand elle a du rabe sur son temps et ce n’est pas souvent.
Quelque chose la chatouille !
Conchita a laissé un tiroir entrouvert.
La petite chatte y est venue se pelotonner.
Elle s’étire, griffe, chatouille la Majestueuse en merisier. Elle sent « vivbre » ses planches de l’intérieur.
Elle rêve que la prochaine journée de Conchita , elle la cire. Cette bonne cire d’antiquaire. Cette odeur d’essence de pin et de térébenthine. Quand elle brille, elle capture le visage des petites jeunes filles de la maison.
Après elle se pavane comme si elle avait gardé l’empreinte de leur visage, et de leur beauté en décollage .

La grande porte d’entrée du château grince sur ses gongs ; trop vieux pour une telle masse de planches de chênes à porter . Il est loin le temps où ils ouvraient , fermaient la porte comme un battement de cils d’une coquette.
Le grincement se répercute à l’armoirie au dessus de la porte ; ce grand écusson où l’abondance est figurée, sculptée en trompe l’œil .
U n e c o r n e
dont les contours semblent par une illusion d’optique rebondis comme si une force tellurique poussée pour agrandir les berges de la corne.
De son contenant, nous n’y voyons rien mais nous ne pouvons nous empêcher de penser à l’histoire de la moufle dans Toundra en plein décembre !
« … Le petit lapin a froid, il y rentre, s’y étire dit
– « ah ! Ce qu’il y fait bon et chaud dans cette moufle perdue au milieu de la sente. Quelle aubaine ! »
Un renard arrive les moustaches givrées, la queue chargée de flocons de neige cristallisés –
« y a quelqu’un là dedans ?
Le lapin
« oui, entre quand il y en a pour un , il y en pour deux ! »
Poulom, poulom, la terre tremble, un ours tout brun saupoudré de neige montre son groin à la bouche de la moufle .
« Y a quelqu’un là dedans ?
Le lapin , le renard en chœur :
« Oui, entre quand il y en a pour deux , il y a en pour trois ! »

. . . et la moufle se tend , se tend. . . »

La corne d’abondance est tendue comme la moufle.
L’abondance est invisible…
Avec les grincements des gongs il y a comme une vibration en son dedans.
Nous la percevons tel , dans le lointain, celle d’un bol « thibétien » où l’on tourne avec un bon morceau de bois.

La journalière Conchita est en pleine forme. Le vieux chiffon de coton imbibé de cette bonne cire astique et chante en tapant du pied :
« L’amour est enfant de Bohême et si tu ne m’aimes pas prend garde à toi. . . »
Les visages des petites Euménides de la maison grossissent dans leur empreinte.
La chatte dans le tiroir du milieu se chamaille avec toute sa portée et çà griffe les planches intérieurs de la « Majestueuse » comme un bastringue de la Nouvelle Orléans la « washing Wood » et le bruit des dés à coudre déferlent dessus.
La commode s’ébranle. Conchita ferme les yeux et danse, elle se couche parfois dessus pour polir et faire briller. Le vieux jardinier qui est devenu aussi immobile que l’arbre pourpre devant le château voit çà passer, il trouve cette poussée vers le dehors attrayante, il enlève un chiffon de la poche de Conchita ,l’imbibe de ce miel de cire et frotte les côtés de Majestueuse , s’abandonne à ce transport et il « vertige ». . .

Couine, couine le grand portail sur ses gonds.

Les empreintes des visages des petites Euménides gravées sur les tiroirs chantent :
« Nous sommes là »
Conchita se sent soulevée vers l’armoirie, le vieux jardinier aimanté à Conchita. La commode rajeunit comme à ses premières règles lors d’une dévoration d’un « vers » de bois . Tous en alternance chantent :
- dégouline sur nous !
- épanche-toi, éclabousse
- largue tes anses
A B O N D A N C E S
- tu es un gave tumultueux de richesses comme la mer,
nous sommes ta jouvence ,
- déleste toi , saigne . . .
- miaou, miaou font tous les petits chats
- mes tiroirs t’accueillent . Les poches de Conchita , les bottes du jardinier sont pour toi ;

la c o r n e se d é b a n d e .

L’on entend un large soupire dont l’écho dans la chaîne des Pyrénées renvoient .
Ca donne la chair de poule. Les tiroirs de la commode jouent des castagnettes, le dentier du jardinier s’emballe et fait claquer les dents, Conchita appelle M a t e r D o l o r o s a et chante el M i r a c u l o,
Les coqs de la basse cour et des terres du château lancent leur chant à la ronde, ils sonnent comme la fanfare -le prince de Hambourg ressuscite et sort de la prison - .

Quand la lourde porte grince annonçant une visite :
Le chœur des Euménides :
« Nous ne sommes là pour personne, vous repasserez dans 10 ans. »

Les laquets,
Les garçons d’écurie,
Le forgeron,
La robeuse,
Le prince des 7 vaches d’or
Le valet noir,
Les dames de conversation ,
Les dames de la pleur aux essences…. :
sortent des fenêtres , des portes et

des enclos
ainsi se mêlent à eux : les chevaux les vaches les moutons les chèvres, et les chiens des bergers.

De la fontaine jaillit des cuisseaux de chevreuil, des casseroles de chaudrées d’anguilles et de lamproies, des guirlandes de galantine de faisans, , des rivières de boudins blancs et noirs fumant, des poulardes truffées, des brochets sur lit d’écrivisses et œufs d’esturgeon, . . .
Et des jambons basques, couleur rocaille de crabe : des piments d ’ Espelette avec des ailes de Cupidon volettent au dessus des pelouses pralinées de cette effervescence .

Des mandolines violoncelles clavecins, haut-bois-basson-triangles parsèment leurs mélodies baroques.

Sur les gazons des couples improbables se forment et forniquent ; des chants s’élèvent de leur gosier d’extases .

«J u b i l a t é c a n t a b i l é » coiffe l’ensemble émit par la C o r n e.

La M a j e s t u e u s e est « benaise ».

Elle est silencieuse. Ce qu’elle tisse avec A B O N D A N C E et leur
é t e r n i t é est un mot qu’elles vont inventer ; un A M O U R renommé .

Les témoins
De ses deux là iront de par le monde raconter
« Quand il y en a pour
il y en a pour…………………………………………………. »
Frankie Pain

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